les Allergies médicamenteuses

Nombreux sont les enfants porteurs de l’étiquette d’allergie médicamenteuse. C’est une dénomination souvent rapide, incluant fréquemment à tort des effets indésirables médicamenteux (dépendants de la dose et souvent prédictibles) ou des réactions d’hypersensibilité non immunologique (imprévisibles et non dépendants de la dose). Le terme d’allergie médicamenteuse doit être réservé aux hypersensibilités pour lesquelles un mécanisme immunologique à mémoire peut être démontré.

La prévalence des allergies médicamenteuses auto-déclarées chez l’enfant est élevée, allant de 2.9 % à 16.8 %. Après évaluation diagnostique, la proportion d’allergies médicamenteuses confirmées est beaucoup plus faible, se situant entre 0.11 % et 4 %.  Les médicaments sont responsables de 5 à 15 % des anaphylaxies de l’enfant et de l’adolescent, en particulier chez les enfants plus âgés et en lien avec l’usage des AINS.

L’enjeu d’un diagnostic pertinent est important ! En effet le diagnostic d’allergie à un médicament conduit à un choix plus limité de traitements, parfois moins efficaces et souvent capables de  favoriser le développement de résistances en ce qui concerne les antibiotiques. Il induit également un stress parental important face à toute prescription médicamenteuse. Enfin, trop souvent de faux diagnostics d’allergie médicamenteuse suivent inutilement l’enfant à l’âge adulte !

Les médicaments impliqués chez l’enfant sont différents de ceux  responsables des réactions allergiques de l’adulte. Ils correspondent aux molécules fréquemment utilisées dans le champ pédiatrique : les antibiotiques (principalement l’amoxicilline), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, en particulier l’ibuprofène et le paracétamol) et les vaccins. Les médications antiépileptiques, les anesthésiants et les antiseptiques sont également des pourvoyeurs d’allergie.

  • Les antibiotiques généralement en cause sont ceux de la famille des bêta-lactamines qui est constituée de 2 classes principales : les pénicillines et les céphalosporines. L’amoxicilline représente environ 2/3 des prescriptions en ambulatoire et est ainsi responsable de la plus haute prévalence d’allergie médicamenteuse chez l’enfant (0.2 à 4 %). La plupart des études montrent que plus de 90 % des enfants considérés comme allergiques à l’amoxicilline verront leur diagnostic infirmé par le test d’exposition orale.
  • La prévalence d’allergie aux AINS est estimée à 0.5 % chez l’enfant ; ils sont plus souvent responsables de réactions graves, y compris anaphylactiques. Selon l’EAACI, les réactions sont non-immunologiques (inhibition du Cox-1) et à réactivité croisée avant 10 ans, alors qu’elles sont comparables aux adultes, immunologiques et spécifiques d’une molécule après 10 ans.

 

  • Les réactions allergiques aux vaccins sont peu fréquentes, rarement liés aux antigènes bactériens, plus souvent à des additifs ou des conservateurs. Le risque d’anaphylaxie post-vaccinale est estimé à 1.31 pour 1 million de doses. La question la plus souvent posée concerne la vaccination des enfants allergiques à l’œuf. Les vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), contre la grippe, la rage ou l’encéphalite à tiques contiennent des quantités infimes de protéines et ne constituent pas une contre-indication à la vaccination ; seul le vaccin contre la fièvre jaune, porteur d’une quantité plus importante de protéines d’œuf de poule, doit faire l’objet d’une prise en charge allergologique.

Sur le plan clinique, les réactions allergiques médicamenteuses sont séparées en réactions immédiates, survenant dans les 6 premières heures après la prise, et en réactions retardées, survenant plusieurs heures ou jours après l’initiation du traitement.

Les manifestations cliniques sont essentiellement cutanées, sous forme d’urticaire ou d’exanthème maculo-papuleux. Ces symptômes sont souvent difficilement discernables des fréquentes réactions cutanées induites par de très nombreux agents infectieux, viraux ou bactériens.

Des symptômes respiratoires peuvent également survenir, en particulier dans le cadre des allergies aux AINS ; ils font aussi partie des rares tableaux d’anaphylaxie médicamenteuse de l’enfant.

Les allergies cutanées graves de type retardées  (toxidermies graves) sont des réactions plus rares mais grevées d’un pronostic sévère ; elles incluent la pustulose exanthématique aiguë généralisée (PEAG), le syndrome de Stevens-Johnson (SJS), la nécrolyse épidermique toxique (NET), le syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systématiques (DRESS).

Le diagnostic d’une allergie médicamenteuse chez l’enfant repose sur une anamnèse approfondie et un bilan allergologique à réaliser au plus tôt 4 à 6 semaines et au plus tard dans les mois qui suivent l’épisode suspect d’allergie idéalement.  Le bilan comprend des tests cutanés, d’éventuels tests in vitro et surtout le test de provocation orale (TPO). Ce dernier reste le meilleur moyen diagnostic pour les allergies médicamenteuses à expression cutanée sans critère de gravité ni manifestation systémique.

Quant aux tableaux extrêmement sévères, avec toxidermie ou manifestations systémiques, ils inviteront généralement à une éviction médicamenteuse stricte, le plus souvent sans bilan.

Le site AllergoDiet constitue une source d’informations précieuses !

-Les conseils de diversification alimentaire pour tous les enfants et en particulier pour les enfants allergiques

https://allergodiet.org/diversification-comment-sy-prendre/

-Les différentes fiches d’éviction des aliments en cas d’allergie

https://allergodiet.org/espace-eviction/