Les allergies cutanées chez l'enfant

Les allergies peuvent se manifester par des signes cutanés qui peuvent entraîner un inconfort significatif chez l’enfant.

Parmi les principales atteintes cutanées, mentionnons la dermatite atopique, la dermatite de contact, l’urticaire (aiguë et chronique) et l’angioedème.

La dermatite atopique, communément appelée eczéma, est une maladie inflammatoire chronique qui peut affecter 15 à 30% des enfants (versus 2 à 10% des adultes). Elle débute dans les 6 premiers mois de vie dans environ 45% des cas. 60% des enfants verront leur eczéma se résoudre pour l’adolescence.

Les symptômes incluent une sécheresse cutanée, des rougeurs et des démangeaisons parfois très intenses. Il peut y avoir des croûtes et un suintement clair.

Chez le jeune enfant, la dermatite atopique atteint surtout les joues et le visage mais peut aussi affecter le tronc et les membres. En grandissant l’enfant verra l’éruption cutanée se localiser surtout dans les plis des coudes et des genoux, parfois les chevilles, poignets, pieds et mains.

L’origine de la dermatite atopique est multifactorielle. Des anomalies génétiques causeraient un défaut de structure et de fonction de la barrière cutanée et le système immunitaire serait responsable de la réaction inflammatoire locale. De plus, l’exposition à des éléments indésirables de l’environnement (irritants tels des savons détergents, le tabac, la pollution… mais aussi microbes et protéines alimentaires) jouent un rôle dans l’évolution de cette maladie inflammatoire.

Les symptômes incluent une sécheresse cutanée, des rougeurs et des démangeaisons parfois très intenses. Il peut y avoir des croûtes et un suintement clair.

La dermatite atopique constitue souvent le premier problème à survenir dans ce qui est appelé « la « marche atopique », suivie par les allergies alimentaires, l’asthme et la rhinite allergique.

Il est cependant important de préciser que la dermatite atopique n’est pas causée par des allergies. Ces patients ont toutefois plus de risque de développer des allergies et de l’asthme. Ils peuvent aussi voir leur dermatite s’aggraver lorsqu’ils sont exposés à des allergènes auxquels ils se seraient sensibilisés.

La dermatite de contact est une éruption cutanée de type rougeur avec démangeaisons (avec parfois même des vésicules) à l’endroit de la peau qui a été en contact avec un allergène auquel le patient est allergique, et ce après un délai de quelques heures à quelques jours.

Elle peut toucher environ 5 à 10 % des enfants. Les allergènes courants incluent les métaux (comme le nickel), les produits cosmétiques, certains produits chimiques présents dans les vêtements. Il peut aussi s’agir d’aliments (cf crèmes ou savons à base d’aliments).

La derm(at)ite irritative est plus fréquente et n’est pas d’origine allergique. Il s’agit d’une atteinte de la peau (rougeur, sécheresse avec parfois fissures) causée par des substances qui irritent la peau, altèrent le film lipidique protecteur de la barrière cutanée et causent une réaction inflammatoire locale. Citons principalement les savons détergents, les couches (dermite des langes)…

L’urticaire (du latin urtica = ortie) est une affection cutanée caractérisée par des plaques rouges souvent avec un centre blanchâtre, en relief, de taille variable, généralement souvent source de démangeaisons. Une caractéristique importante est le fait que ces plaques apparaissent soudainement, disparaissent en quelques heures sans laisser de traces ni cicatrices et peuvent apparaître en d’autres endroits. La chaleur d’une douche ou d’un bain ou un frottement répété peuvent par exemple favoriser l’augmentation de l’éruption.

L’urticaire peut être aiguë ou chronique.

L’urticaire aiguë est fréquente ; elle peut concerner 1 personne sur 5 à un moment de la vie.

Elle peut être d’origine allergique. Elle survient alors souvent endéans les 30 minutes suivant l’ingestion ou le contact avec l’allergène en cause (aliment, médicament, piqûre d’insecte, latex…). Cette réaction peut être isolée, ou constituer un des signes d’une réaction allergique plus sévère.

Le plus souvent, l’urticaire aiguë est d’origine « pseudo-allergique ». Le mécanisme physiopathologique n’est alors pas lié à une réaction immunitaire allergique. C’est le cas lors d’ingestion d’aliments riches en histamine ou libérateurs d’histamine (chocolat, tomate, fraise…), d’infections (virus, bactéries atypiques…), d’« intolérance médicamenteuse » (fréquente chez l’enfant notamment avec les AINS et les antibiotiques) ou encore de stress…

On parle d’urticaire  chronique lorsqu’elle persiste plus de 6 semaines. Elle concerne environ 1.4% des enfants et adolescents. La cause n’est pas allergique, sauf s’il existe une exposition régulière à un allergène.

L’urticaire chronique spontanée doit faire rechercher chez l’enfant des infections chroniques souvent virales (mononucléose…) ou parasitaires, et chez l’adolescent un dysfonctionnement thyroïdien.

Certains stimuli physiques (froid, eau, chaleur, soleil, pression, vibration et exercice) peuvent provoquer une urticaire chronique inductible. Le dermographisme en est une forme.

L’angio-oedème désigne un gonflement (oedème) des couches plus profondes de la peau ou des muqueuses impliquant principalement le visage (lèvres et paupières) et parfois les extrémités (mains, pieds, sphère génitale). 

Il est rapporté chez près de 50% des enfants atteints d’urticaire. Chez l’enfant l’angioedème survient généralement en cas d’allergie à un aliment, un médicament, une piqûre d’insecte ou encore au latex L’atteinte des extrémités peut constituer un signe de gravité de la réaction allergique.

D’autres manifestations cutanées très sévères avec atteinte des muqueuses (Syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell…) peuvent survenir en cas de réactions allergiques graves souvent en lien avec des médicaments. Elles nécessitent une prise en charge en soins intensifs. Elles sont heureusement rarissimes chez l’enfant.

La plupart de ces réactions cutanées, en lien ou non avec des allergies, ont un impact significatif sur la qualité de vie des enfants, comparable parfois à celui de l’épilepsie ou du diabète. Le grattage génère des troubles du sommeil et affecte les activités diurnes avec des conséquences sur la capacité de concentration et les facultés d’apprentissage.

Il convient donc de les prendre en charge de façon optimale.

Il est important de savoir que l’altération de la barrière cutanée, essentiellement dans la dermatite atopique en pleine phase inflammatoire, permet la pénétration de protéines alimentaires au niveau du derme. Le patient peut  alors se sensibiliser à ces  protéines et par la suite éventuellement développer une allergie alimentaire. Bien traiter la peau d’un patient atteint de dermatite atopique est une étape clef dans la prévention primaire des allergies alimentaires !

Le médecin de l’enfant pourra conseiller de consulter un dermatologue et/ou un allergologue surtout lorsque les lésions sont récidivantes ou ne répondent pas aux traitements initiaux bien appliqués.

Si une allergie est en cause, des mesures d’éviction des allergènes seront conseillées et des traitements plus spécifiques proposés. Dans certains cas sévères, les patients doivent recevoir des thérapies biologiques par voie injectable, coûteuses mais heureusement efficaces.

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